Mon premier salon du livre
- Manon Guilloteau
- 26 mai
- 2 min de lecture
Plus le temps s’étire et plus les premières fois deviennent précieuses… Alors cette première fois-là, je l’ai savourée. Je me suis lancée dans cet inconnu avec une confiance nouvelle, presque enfantine.
Lorsque je me suis installée à ma table, une émotion inédite s’est invitée, discrète et vibrante (et vous savez combien j’aime les émotions !). Sur un présentoir, ma photo, transmise à l’organisateur quelques semaines auparavant, et mon nom inscrit en grosses lettres. Un peu intimidant, comme un rêve qui prend forme. Peu rompue à l’exercice, je n’avais pas le matériel adéquat pour présenter mon livre. Ma voisine, pleine d’une gentille attention, m’a prêté un accessoire afin de me permettre de mettre en valeur l’ouvrage. J’ai enfilé mon badge, talisman du jour (qui, pour la petite histoire, finira le week-end au cou de ma fille).
Puis j’ai attendu. Je me suis même demandé ce que je faisais là, sage comme une enfant à sa première rentrée. J’observais les autrices et auteurs, leur adressant un sourire timide. Je regardais passer les gens. Un condensé de vies et d’histoires croisées.
J’ai eu envie d’un café (je vous l’avoue, la caféine coule dans mes veines). Je me suis donc levée et j’ai saisi un gobelet du nectar. Plutôt que de retourner à ma place, je me suis perdue entre les (petites) allées, flânant au milieu de tous ces gens. J’ai engagé la conversation avec un auteur. Et ma journée a commencé. À partir de ce moment, je n’ai plus jamais arrêté de parler.
J’ai découvert des hommes et des femmes aux parcours fascinants. Je me suis sentie reconnaissante de vivre cet instant. Des moments complices, des échanges passionnants, des voix diverses. Au milieu des livres pour enfants, des polars, des livres historiques ou encore régionaux, j’ai découvert un havre de créativité et d’expression par l’écriture. Écrire pour raconter, pour libérer, pour informer, pour s’indigner, pour aimer. Je ne connaissais personne, et pourtant, j’ai reconnu chacun.
Quel bonheur de partager l’intimité du processus créatif de ces hommes et de ces femmes. Une authenticité riche et profonde.
Des visiteurs se sont arrêtés devant mon stand. Je leur précisais : « C’est de la poésie ». Certains s’arrêtaient, d’autres s’éloignaient, feignant de ne pas me voir. Je souriais. Quelques exemplaires de mon livre sont partis, portés par des mains inconnues. Mon histoire voyage quelque part, sans moi. Dans une maison qui m’est étrangère. On m’a demandé des dédicaces ; j’ai écrit, l’émotion au bout des doigts, espérant trouver les mots justes pour dire ma gratitude.
Peut-être est-ce l’ouvrage qui adopte ses lecteurs. Je me souviens de P., cet homme qui m’a demandé le sujet du livre. Lorsque je lui ai répondu qu’il s’agissait d’Amour, il m’a avoué ne jamais être tombé amoureux. J’aime à penser qu’il se trompe, et que ces quelques lignes raviveront sa mémoire. Ou, s’il dit la vérité, que ces poèmes lui offriront une émotion nouvelle, celle de l’amour, sous toutes ses formes.
J’ai participé à mon premier salon. Comme les premières fois intenses, celle-ci restera gravée au fond de mon cœur, comme un précieux souvenir que j’irai visiter de temps en temps. J’y penserai avec tendresse.
Rencontres, échanges, partages, sourires, bienveillance, jolis mots… Un univers suspendu, dont je reprendrais bien un peu de magie.

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